11 novembre 2006

Le mot à bannir du jour : crypter

Un ébahissement stupéfait risque d’en saisir beaucoup, mais il est inutile de se voiler la face plus longtemps et temps d’admettre avec humilité qu’à l’instar du Père Noël, de la petite souris et du compte de Chirac au Japon, le mot crypter n’est que grotesque illusion et paréidolie captieuse. Bref, il ne devrait pas être employé et dans bien des cas le verbe chiffrer conviendrait mieux. Exeunt de même crypteur et cryptage, n’ayant pas gardé les cochons ensemble.

Pourquoi cet emploi bouffon ? De saugrenus énergumènes auront sans doute un jour décidé qu’à l’image du couple chiffrer - déchiffrer l’on pouvait construire un pendant au verbe décrypter, qui lui existe bel et bien et désigne le décodage d’un message dont on ne connait pas la clé. La confusion est entretenue par l’anglais dont le champ lexical est plus fourni avec les verbes code, encode, cipher, cypher, encipher et surtout encrypt.

Il y a fort à parier que, le temps et l’emploi aidant, ce verbe et ses dérivés apparaissent dans notre langue. Mais en l’état, l’étiquette et les convenances, de même que les cryptologues pourtant bien prompts à emprunter nombre absurdités à l’anglais, demandent à ce que l’on emploie chiffrer pour le codage d’un message, déchiffrer pour son décodage grâce à la clé et décrypter pour son décodage sans clé.