Imparfait du subjonctif
J’aurais préféré qu’il restât.
J’aurais préféré qu’il resta.
L’onomastique nippone est coutumière de l’hapax — Amélie Nothomb
J’aurais préféré qu’il restât.
J’aurais préféré qu’il resta.
L’expression que tout le monde utilise mais dont peu connaissent la véritable signification du jour est « faire long feu ». Elle a la particularité d’exister à la fois sous sa forme positive et sous sa forme négative, poussant d’aberrants dadais n’en connaissant qu’une variante à critiquer doctement l’emploi de l’autre forme. Les fats.
Comme chacun sait, l’expression trouve son origine dans l’artillerie : une balle qui fait long feu est une balle dont la poudre brûle longuement au lieu d’exploser. Au sens figuré, on pourra alors dire qu’une tentative a fait long feu pour signifier qu’elle n’a pas eu le succès escompté ; au contraire on pourra dire qu’un combattant n’a pas fait long feu pour qualifier sa défaite de surprenamment rapide.
Ne t’enfuis pas séance tenante, cher lecteur ! Super Pédant Man n’est pas là pour te rebattre les oreilles lorsque tu utilises le subjonctif après après que. Ou pour être plus précis, pas uniquement.
Car si d’exaspérants moralisateurs prennent un malin plaisir à critiquer tour à tour l’emploi du subjonctif et de l’indicatif, ces derniers crient souvent simultanément à la face du monde leur incapacité à maîtriser une notion acquise à l’école primaire : la concordance des temps. Il y a fort à parier qu’il s’agit des mêmes jean-foutre qui se croient futés en corrigeant l’accent grave sur le mot évènement (alors que cette orthographe, en plus d’être tout à fait correcte, est bien plus cohérente puisque concordant avec la graphie du mot avènement ; n’hésite pas à conchier en retour ces obtus gourdiflots).
Ayant peine à admettre que la compréhension en semble si ardue, Super Pédant Man te livre une règle simple, valable pour toutes les expressions, que ce soit immédiatement après que, peu de temps après que, deux semaines après que ou sept milliards d’années après que et dont voici la teneur :
Une fois que, quand et lorsque doivent pouvoir se substituer aux expressions en après que.
Les règles élémentaires de la pédanterie enjoignant malheureusement à énoncer précisément même ce qui tombe sous le sens, bien entendu le sens des phrases change sensiblement, et cette substitution ne saurait intervenir qu’à des fins grammaticales. La simplicité de la conjugaison dans les phrases suivantes est pourtant d’une affligeante évidence :
Je fais souvent une sieste une fois que j’ai mangé.
Elle a refermé la porte lorsqu’il est parti.
Vois-tu ci-dessus la moindre trace de fut, eus, aie, aurais eu, fût, eût été ou autres délires obsessionnels grammaticaux ? Non, et c’est bien normal. Alors pourquoi, pourquoi semble-ce une gageure démesurée d’appliquer les mêmes règles de conjugaison à après que ? Faisons ensemble cet exercice d’une étonnante complexité, ami lecteur :
Je fais souvent une sieste dix minutes après que j’ai mangé.
Elle a refermé la porte juste après qu’il est parti.
Bravo, ce n’était pourtant visiblement pas une mince affaire, tant l’insulte faite à cette règle semble répandue.
Il est cependant temps d’ouvrir une parenthèse lacrymale et d’observer avec résignation que, tel un furoncle putrescent à la face de notre langue, l’emploi du subjonctif — que Le Bon Usage promet irrésistible — en lieu et place de l’indicatif est de plus en plus fréquent :
Je fais souvent une sieste dix minutes après que j’aie mangé. (beurk !)
Elle a refermé la porte juste après qu’il soit parti. (pouah, caca !)
Soit. Pour tout horrible qu’il soit, force est de constater que cet usage, par confusion avec avant que, fait chaque jour de nouveaux émules. Mais c’est un emploi que peu maîtrisent, le subjonctif passé n’étant pas affaire de candides débutants, et qui mène parfois aux saugrenues élucubrations d’ineptes butors se souvenant vaguement que l’indicatif est de mise dans ces constructions mais peinent à trouver le bon mode, tant l’école primaire doit leur paraître lointaine :
Je fais souvent une sieste dix minutes après que je mange. (bof !)
Elle a refermé la porte juste après qu’il fut parti. (non !)
Dans la première phrase l’emploi du présent au lieu du passé composé fait disparaître la notion de terminaison, et on se demande bien s’il s’agit de dix minutes après le début, la fin ou le milieu du repas. Dans la seconde phrase, on assiste à une violation flagrante de la concordance des temps qui n’a absolument aucune justification. Ces incohérents gribouillis sont légion même dans la littérature et leurs auteurs devraient se trouver des grammaires, leurs éditeurs des correcteurs et leurs lecteurs des ouvrages plus sérieux. Ces phrases sont d’ailleurs souvent l’œuvre de relecteurs dérapant lamentablement en croyant bien faire.
L’usage du subjonctif, même correctement, n’est pas sans inconvénient, notamment en raison de l’abyssale pauvreté sémantique qu’il introduit, ayant deux fois moins de temps que l’indicatif. L’absence de subjonctif futur permet d’exhiber un exemple flagrant de cet appauvrissement :
Si j’avais plus de temps, je ferais une sieste après que j’aurai mangé.
Si j’avais plus de temps, je ferais une sieste après que j’ai mangé.
La première phrase signifie que je vais manger, et que malheureusement je n’aurai pas le temps de faire une sieste après. La seconde phrase introduit une notion d’habitude : lorsque je mange, je n’ai jamais le temps de faire une sieste après. Utiliser le subjonctif ici transformerait à la fois aurai et ai en aie et ferait disparaître la nuance. Le rapport des barbares à la richesse est toujours bien actuel.
Cet article n’est malheureusement que château de sable face à l’océan des extravagances linguistiques dont nous sommes submergés, mais espérons qu’il aura su présenter la chose avec plus d’arguments que bien des manuels péremptoires et insipides.
Comme bien sûr sphère, la plupart des mots en -sphère sont féminins : une atmosphère, une ionosphère, une lithosphère, une mésosphère, une stratosphère, une thermosphère, une troposphère. Ce qui est, sinon logique tant la logique est à exclure de toute observation linguistique, du moins bien pratique.
Seuls deux mots, remarquables intrus, échappent à la série : un hémisphère et un planisphère. Il est aisé de s’en souvenir, puisqu’étant respectivement une moitié de sphère et une projection plane, ce sont les deux seuls à ne pas être des sphères !
Le pédantisme n’ayant pas de limite disciplinaire, rappelons que les autres -sphères ne sont pas très sphériques non plus : notre planète, vague patatoïde grumeleux, est un sphéroïde. En mathématiques, le solide sphérique est une boule, et la sphère n’en est que la surface. Il n’y a malheureusement pas de mot pour désigner les coquilles sphériques telles l’atmosphère, qui sont à la boule et la sphère ce qu’en géométrie du plan la couronne est au disque et au cercle.
Super Pédant Man te livre aujourd’hui un mot rare mais magnifique, à l’étymologie complexe et confuse, aspirant de surcroît à de sybarites contrepets et dont il espère que tu feras usage avec emphase et démesure dans force cafés mondains.
Utilisé comme verbe transitif, controuver signifie mentir, inventer une chose fausse : « On controuvait maintes allégations à son sujet ». Mais utilisé comme attribut du sujet, il signifie avoir été révélé comme étant erroné : « Les allégations à son sujet étaient rapidement controuvées ».
Oui lecteur, ébaubis-toi adonc devant la graphie de l’expression que tout le monde utilise mais dont peu connaissent la véritable signification du jour : « bayer aux corneilles ». Même si le sens est proche, bayer n’est pas bâiller (et encore moins bailler, béotiens ignares).
De grotesques mélanges ont en effet mené à la confusion voire à l’interchangeabilité entre bayer (s’ouvrir) et bâiller (être ouvert). Il reste cependant une forte connotation de changement d’état dans le premier : l’on dira donc mieux « La porte baya » et « La porte bâillait ».
Mais ouvrir la bouche involontairement lorsqu’on est fatigué, c’est bâiller, et rester la bouche ouverte d’admiration, c’est bayer : lorsque le sujet est la bouche, l’expression du mouvement se retrouve dans le premier et l’immobilité dans le second ! Enfin bayer aux corneilles signifie simplement regarder en l’air oisivement, bouche bée.
Quant à bailler, que le lecteur fidèle ou érudit saura bien entendu différencier du précédent, il signifie prêter ou donner (d’où le bailleur de fonds).
Alors, un ou une réglisse ? La réponse n’est pas si simple, mais Super Pédant Man n’abdique devant aucun défi, surtout lorsqu’il s’agit de raviver les encéphales fangeux de son lectorat.
La plante, c’est indubitablement la réglisse, inutile de tergiverser. C’est en raison des produits dérivés — bâton de réglisse, bois de réglisse, suc de réglisse, racine de réglisse &mdash tour à tour féminins et masculins que par métonymie l’on dira indifféremment manger un réglisse (pour un bâton de réglisse) ou manger de la réglisse suivant les régions voire les individus.
De toute façon Super Pédant Man déteste la réglisse et a d’ailleurs rarement éprouvé un breuvage aussi nauséabond que le Salmiakki Koskenkorva, infâme macération aussi finlandaise que fétide de vodka et de réglisse au chlorure d’ammonium. Si.